En 1973, Kawasaki riposte à la CB 750/4 de Honda en mettant sur le marché la 900 Z-1 qui sera à la tête de la prestigieuse série des Z. Cette machine va rapidement révéler ses nombreux atouts, devenir un succès et illustrer à elle seule la grosse cylindrée du début des années 70.
Dès 1967, les ingénieurs de chez Kawasaki commencent à travailler sur le concept d’une moto 4 cylindres, 4 temps, 750 cm3, destinée à remplacer la 650W. Une première maquette apparaît en 1968, mais avec la sortie la même année au Salon de Tokyo de la CB750 4 cylindres 4 temps, Honda va couper l’herbe sous le pied de Kawasaki qui se voit donc contraint de reporter la sortie de sa machine. Piquée au vif, l’équipe technique de Kawasaki va redoubler d’ardeur pour surenchérir et peaufiner son projet. Elle va également disséquer la concurrente CB 750 pour mieux optimiser ses défauts. Finalement, un prototype gonflé à 900 cm3 est mis sur la route au printemps 1971. Kawasaki invite quelques journalistes au Japon au printemps 1972 afin de bénéficier de leurs commentaires et de leurs critiques et la machine est lancée fin 1972. F. Manley, distributeur Kawasaki pour l’est du Canada, annonce une campagne publicitaire monstre lors de la rencontre annuelle des concessionnaires Kawasaki où 450 invités sont reçus le 22 août 1972 au Inn on the Park à Toronto. Il devient ainsi le tout premier distributeur canadien à dévoiler les 13 motos au catalogue 1973. Parmi celles-ci trois nouveaux modèles, dont la fameuse et très prometteuse Z-1 900/4.
Avec sa cylindrée inhabituelle de 903 cm3, affichant 82 ch à 8 500 tr/min, un double arbre à cames en tête, une vitesse de pointe à plus de 200 km/h, un 4 cylindres en ligne et une esthétique réussie, cette moto séduit d’emblée la clientèle. Le réservoir en forme de goutte d’eau, la selle basse, le dosseret et surtout les 4 pots d’échappement contribuent à forger l’image d’une machine à la fois chic et puissante et à renforcer son pouvoir d’attraction. Ajoutez à cela un prix de vente raisonnable, et pour les écolos de la première heure, un système antipollution PCV (Positive Crankcase Ventilation), des soupapes traitées pour supporter l’essence sans plomb, et vous avez la moto la moins polluante de son époque. Kawasaki a beaucoup investi sur la fiabilité de sa machine, les résultats sont tellement probants que pour la première fois dans l’histoire de la moto, on voit apparaître une garantie du constructeur de 2 ans.
L’architecture de la machine, la souplesse du moteur, sa fiabilité, son endurance et l’embrayage progressif en font, malgré sa grosse cylindrée pour l’époque, une machine facilement abordable par tout le monde y compris les débutants. Et c’est un peu là qu’apparait la limite de cette moto, car comme bien des japonaises de cette époque, elle ne dispose pas d’un cadre suffisamment rigide pour la puissance de son moteur. À des vitesses raisonnables, le comportement de la machine demeure parfaitement sain, mais dès 140 km/h apparait une nette tendance au louvoiement et la machine est portée à vibrer fort dans les tours. Aussi, le système de suspension — qui fait partie de ce qui a le plus évolué depuis cette époque — répercute à la moto et ses occupants les moindres imperfections de la route.
La tenue de route est donc indéniablement l’élément perfectible pour qui veut pousser la machine dans ses derniers retranchements. Enfin, l’absence de carénage et son guidon très large exposent le pilote au vent, ce qui devient rapidement fatigant pour les bras et le cou à des vitesses soutenues et sur un long parcours. En étant la moto de série la plus puissante lors de sa sortie, la Kawasaki 900 Z-1 est rapidement devenue une machine de compétition avec 45 records de vitesse en endurance en Amérique et au niveau mondial en 1973, dont les 24 heures de Daytona en Floride et le Bol d’or en France. Distribuée de 1972 à 1976, la machine subira chaque année une légère évolution. En 1977 elle est remplacée par la Z1000, franchissant ainsi le seuil psychologique des 1 000 cm3 en adéquation avec la demande du marché de l’époque. La Z-1 aura pendant 10 ans une très belle descendance.
Avec les années, la cote de la Z-1 a remonté sans toutefois atteindre les sommets de la révolutionnaire CB 750. Comme pour toutes les japonaises, sa restauration est onéreuse. Elle demeure une machine fiable, agréable à conduire et bien sûr, une belle pièce de collection.
BIMOTA KB1
Le préparateur italien Bimota lance au Salon de Milan 1977 la KB1. Pourvue d’un cadre en treillis tubulaire, et d’équipements optimisés, la machine possède un moteur de 903 cm3 issu de la Kawasaki 900 Z1. Bimota réalise donc une parfaite combinaison et monte une moto d’exception dont il vendra 827 modèles de 1977 à 1982, à un coût tout de même nettement plus élevé que celui de la Kawasaki.
Kawasaki Z-1
La Kawasaki Z-1 fut la première grosse cylindrée achetée par François et Jean Gagnon, propriétaires de L’Épopée de la Moto. Ils passaient d’une Yamaha RD125 à une Kawa 900, tout un saut! Dénichée usagée dans le village voisin alors qu’ils avaient 15 et 16 ans, ils ont sollicité leur père pour devenir propriétaire de la moto avec eux, car il leur manquait quelques dollars pour conclure la transaction. La vendeuse n’en revenait tout simplement pas qu’un père puisse, en participant à l’achat, encourager ses adolescents à acquérir une machine qu’elle devinait à juste titre bien dangereuse pour des débutants. Et en effet, l’un comme l’autre a vraiment eu peur dans les premières courbes, comme tant de jeunes sans expérience sur ce type de machine à l’époque. Il faut dire que le permis n’était pas exigé. C’était une autre époque!
Par Claire Martin, www.epopeedelamoto.com