Unforgiven Cycles

Par Marc ParadisPublié le

Toutes pareilles les motos? Unforgiven Cycles peut vous aider à vous démarquer du lot. Nous avons rencontré Jeff Normand, propriétaire et créateur…
Bonjour Jeff, d’où t’est venue l’idée de bâtir ton atelier de modification de motos?
L’idée m’est venue d’un besoin à la suite de mon accident survenu en 2003, un face à face avec une voiture alors que je pilotais ma Yamaha R1. Après la reconstruction de ma jambe (j’ai bien failli être amputé), je ne pouvais plus la plier normalement, en fait, elle ne pouvait pas dépasser 90 degrés. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ma passion pour la moto n’en a pas souffert, même que cette année-là, je me suis rendu au Salon de la moto en béquilles pour voir quel modèle j’allais me procurer pour la prochaine saison. Mon choix se fixa sur une Honda CBR1100XX que j’achetai en plein hiver sans l’essayer, bien sûr. En attendant, je la démontai, effectuai quelques modifications esthétiques et polissai le plus de pièces possible dessus. J’avais le temps et j’aimais ça. Lorsque le printemps arriva, je fis une douloureuse constatation, je ne pouvais rouler ma nouvelle moto! Ma jambe ne pliait pas assez pour que je puisse prendre place sur la selle. C’est là que commencèrent une série de modifications en commençant par le repose-pied gauche que je déplaçai 2 pouces plus bas que celui d’origine. Malheureusement, ce n’était pas la bonne solution, la douleur persistait. J’ai même soulevé la selle, mais sans résultat concluant. Je décidai de me trouver un modèle avec le cadre en acier tubulaire comme une V-Max ou encore une Kawasaki ZRX afin de pouvoir y greffer des pédales. Pourquoi ces choix? Tout simplement parce que je ne voulais pas me retrouver avec une moto, disons, trop anémique! Je roulai donc un été au guidon d’une ZRX 1100 (que j’avais échangée contre ma CBR) munie d’un sabot moteur assez singulier auquel j’avais intégré une paire de repose-pieds modifiés. Durant la période des Fêtes qui a suivi, lors d’un voyage au Texas, l’idée m’est venue de remonter ma vieille R1, ayant déjà acheté un autre moteur… Je me mis donc à découper le cadre et à laisser aller mon imagination. Au début, je me suis servi d’une boite d’un modèle réduit montrant une R1 de profil de laquelle j’avais tiré des photocopies ne montrant que le cadre et les roues. C’est donc de cette manière quelque peu artisanale (rires) que mon premier design original prît forme!

Quels étaient tes outils à tes débuts?
Ouf! Au début, je me suis procuré – via les petites annonces – une minisoudeuse au MIG qui fonctionnait (très mal) sur le 120V. Il fallait attendre 10 minutes entre chaque soudure! C’était quand même utile pour souder de l’acier, mais mon cadre étant en aluminium, je me suis donc fait des encrages pour être capable de fabriquer mon sous-cadre arrière en acier que je suis venu visser sur mon cadre en alu. Ensuite, je me suis acheté de la tôle et me suis fait des moules en bois et mes propres outils. Je possède encore les marteaux en caoutchouc que j’ai modifiés au buffer pour leur donner les angles voulus.

Est-ce que tu peintures toi-même tes motos?
Pierre Trudel qui possédait l’atelier de peinture Peinture-o-pro m’a beaucoup aidé pour ma première moto, tant pour la peinture que pour le plastique, il va sans dire que pour ce premier projet, il a eu beaucoup à faire car ma technique n’était pas encore au point! J’ai beaucoup appris en sa compagnie, que ce soit sur le plan de la mécanique ou de l’esthétique. C’est avec lui que j’ai réalisé mon premier projet extérieur, ma première commande, une VTX1300 avec les ailes et le bras oscillant modifiés pour accepter un pneu de 240 mm.

Tu utilises parfois des matériaux exotiques?
Tu veux parler des plaques qui servent au sélecteur de vitesse? Normalement, ces plaques étaient faites pour rester installées dans ma jambe, mais étant donné que les vis étaient trop longues et que leur pointe venait s’appuyer sur les tendons, lorsque je me cognais le côté du genou un courant électrique me traversait… J’ai donc subi une autre opération pour les enlever un an et demi plus tard. À ma sortie de l’hôpital, un petit sac m’attendait. À ma grande surprise, ce dernier contenait les plaques, les vis qui les retenaient en place et même la mèche!

Quelles sont tes réalisations les plus, disons, farfelues?
« J’ai déjà machiné des repose-pieds en forme de baïonnette qui pointaient vers l’intérieur et qui furent par la suite chromés.  J’utilisai des o-rings (joints toriques pour l’OLF) noirs pour donner un peu d’adhérence aux bottes du pilote… un militaire vous l’aurez deviné! 

Comment qualifierais-tu la mission d’Unforgiven Cycles?
Mon but c’est de faire des motos uniques sans devoir débourser des fortunes. J’ai obtenu une deuxième place au Bike & Tattoo Show 2013 dans la catégorie Modifiée. Cette moto ne m’a rien couté, enfin disons presque rien couté… J’achète des tuyaux d’acier inoxydable que j’ajuste moi-même selon les besoins, je fabrique le bras oscillant pour 1 500 $, sur le marché on parle d’environ 7 000 $, la roue arrière provient d’une automobile (5 fois moins dispendieuse qu’une roue spécifique pour la moto). La Road Star comprend l’éventail des modifications que je peux faire sur mesure pour mes clients : fourche, bras oscillant, carénage, garde-boue, système d’échappement, turbo, etc.

Quelles sont les modifications les plus courantes que tu effectues?
Je fabrique beaucoup de crash bars sur mesure à l’aide de vieux guidons. C’est solide et bon marché, à moins que le client ne les désire chromés…

Parle-nous donc de ta bonne vieille Honda CB750!
Il s’agit de la CB750 1973 qui appartenait à mon père, c’est en quelque sorte le seul souvenir qui me reste de lui… il est parti prématurément à cause d’un cancer du côlon à l’âge de 43 ans. C’est un peu la première moto que j’ai modifiée en 1998. Je l’ai toute démontée en morceaux et montée dans le salon de mon appartement. J’ai poli les couvercles de valves, la fourche et quelques autres pièces pendant l’hiver.

En terminant, aurais-tu un turbo pour installer sur ma CRF80?
Heu…

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