Il y a bien des façons de passer un peu de temps en Espagne. Stéphane Couturier, lui, est attiré par la série CEV Buckler!
Le Championnat CEV Buckler (Campeonato de España de Velocidad) est la série nationale de courses en circuit routier d’Espagne. Et depuis plusieurs années, c’est aussi la porte d’entrée principale pour le Championnat du monde, ayant remplacé le Championnat européen à ce niveau. Plusieurs vedettes actuelles du MotoGP, les Espagnols Jorge Lorenzo, Alvaro Bautista et Dani Pedrosa, mais aussi le tout récemment retraité Casey Stoner ainsi que Stefan Bradl entre autres, en sont issus. Le fait que Dorna soit à la fois propriétaire du Championnat MotoGP et du CEV Buckler n’est pas étranger à ces liens étroits.
La série CEV met en piste deux classes de moto de production. La Kawasaki Ninja Cup est réservée aux ZX6-R montées selon les règles Supersport. Le Stock Extreme est ouvert aux 1 000 cc 4 cylindres et aux bicylindres de 1 200 cc avec de légères modifications. Les deux autres classes sont pour les véritables motos de courses, où l’on y retrouve les mêmes machines qu’en Grand Prix : le Moto3 avec ses monocylindres de 250 cc quatre-temps et la catégorie Moto2, qui a remplacé les 250 cc deux-temps en Grand Prix en 2010. Les machines de Moto2 sont toutes propulsées par des moteurs de Honda CBR600RR dans des cadres prototypes fabriqués par différents constructeurs. Au Championnat d’Espagne, le moteur est préparé par l’équipe en suivant les normes imposées par la série tandis qu’au Championnat du monde les équipes doivent utiliser les moteurs scellés qui sont tous fournis par un préparateur officiel.
C’est dans cette classe, Moto2, que l’on a retrouvé le Couturier/Fogi Racing Team en novembre dernier pour disputer la dernière course de la série à Valencia. Stéphane Couturier s’est fait connaitre dans le domaine du circuit routier au Canada avec le Couturier Racing Team qui a obtenu d’excellents résultats au Championnat Superbike canadien avec Francis Martin en 2011 et avec Kevin Lacombe et Samuel Proulx en 2012. Son association avec Fogi Racing a permis de préparer deux Moto2 pour cette course à Valencia. En début de saison, Fogi Racing avait participé à trois des quatre premières courses de la série CEV Buckler avec l’Américain Tommy Aquino, mais pour cette course, la FTR M211 de l’équipe canadienne – qui a une base d’opération – en Angleterre est confiée au Britannique Graeme Gowland. Austin Shaw O’Leary sera son protégé au guidon d’une FTR M210. Le jeune pilote de 16 ans de Windsor, en Nouvelle-Écosse, s’est assuré de son guidon grâce à une collecte de fonds pour sa première expérience outre-mer. Deux journées d’essais sur le circuit Ricardo Tormo sont planifiées pour l’équipe. Shaw O’Leary doit avoir le temps de se familiariser avec la piste, les pneus Michelin et la moto. Gowland, qui a déjà pris part à la série et qui fut pilote de développement pour FTR, en profitera pour renouer avec la Moto2 et en parfaire les ajustements. Dans les faits, la M210 d’Austin n’a pas facilité la tache à l’équipe, les deux jours ont passé à traquer de mystérieux problèmes électroniques. Même pas une session complète pour la recrue qui n’a fait que quelques sorties en piste! Il va devoir se reprendre dans 2 semaines.
Lorsque Stéphane arrive au circuit en après-midi lors des essais du vendredi, avant la course, il retrouve une équipe euphorique : Austin a fait un temps de 1minute 47 secondes! Est-ce près du record en Moto2? Non, mais se sont ses premiers chronos, il n’avait pas inscrit de temps valables avant, ayant encore eu des problèmes avec le système électrique le matin même. C’est du positif et il est aussi grand temps que la moto lui permette de faire son travail! Pour sa part, Graeme tourne dans le 1,40. Les meilleurs temps de la journée sont à 1,37 et le Britannique vise de s’en approcher pour les qualifications. Le samedi se déroule bien pour les deux coureurs, Austin baisse ses temps à 1,45.475, ce qui le place au 29e rang des qualifications. Lors de la deuxième séance, Graeme inscrit un 1,39.314. Une chute sans gravité le contraint à rester aux puits, voyant le 9e rang qu’il occupait au tableau à ce moment-là se transformer en 13e place à la fin des qualifications.
La pluie qui tombe toute la soirée et toute la nuit du samedi ne cesse pas pour la séance de réchauffement du dimanche matin. Conditions différentes à assimiler pour Austin qui s’en sort toute de même bien avec le 23e temps. La pluie s’arrête enfin et c’est sans hésitation que tous les pilotes se présentent en pneus lisses pour le départ de la course à midi. En course, les deux pilotes de l’équipe tombent, Austin part à la faute au 13e tour, une chute sans gravité, tandis que Graeme, qui s’est hissé en 8e place, évite un autre pilote qui a fait une sortie de piste devant lui et chute dans le bac a gravier. Il reprend la course pour terminer 18e, très déçu de sa performance.
Austin shaw-O’Leary
J’ai vraiment adoré la fin de semaine à Valencia, la piste est superbe, l’équipe a été fantastique et les gars m’ont offert tellement de support, ils travaillent sans arrêt! La Moto2 est différente de tout ce que j’ai piloté auparavant. La moto est plus difficile à inscrire en virage et est plus physique à rouler qu’une moto de production. C’était une expérience incroyable d’avoir à travailler avec une équipe complète et d’apprendre à communiquer avec le chef d’équipe. Je ne pourrai jamais assez remercier tous ceux qui ont contribué, les « friends of Fogi » qui ont amassé les fonds nécessaires pour que je participe et surtout, mon père qui a trouvé les commanditaires et qui est venu avec moi. Merci à Andrew, Angus et Allen de m’avoir donné cette opportunité de vivre l’expérience d’une course en Espagne.
Stéphane Couturier
J’ai profité de l’occasion pour connaitre quelque chose de différent et pour explorer les avenues possibles pour le Couturier Racing Team. Avec les gens de Fogi Racing, on regarde pour avoir une équipe canadienne reconnue dans le monde entier. Je suis très impressionné du niveau de la série CEV, que ce soit l’assistance, la couverture médiatique – incluant la télé en direct – et surtout la qualité de l’organisation qui traite toutes les équipes sur un pied d’égalité, ce qui manque souvent plus près de chez nous. Le professionnalisme des équipes, incluant celle à laquelle je suis associé, et l’impressionnant niveau technique préparent autant les pilotes que les équipes à passer à l’échelon supérieur. Ce qui m’a aussi frappé, c’est que les frais sont abordables, comparables très favorablement à la série canadienne, le coût des pneus, les frais sur le site et les autres dépenses reviennent généralement moins chers. Le seul point qui mérite réflexion avant de faire le saut et de m’impliquer pour une saison complète est la distance! C’est énormément de déplacement, de 24 à 48 heures d’avion pour chaque aller et autant pour le retour! C’est peut-être le sacrifice à faire pour avoir le privilège de prendre part à un championnat si bien établi!