Suzuki TU250 : une moto à l’ancienne, discrète et efficace
La Suzuki TU250X est petite, manoeuvrable et très discrète. Tellement manoeuvrable et discrète, en fait, qu’on peut la stationner partout, et sans risque de se donner un tour de reins : dans la minuscule cour avant d’un ami, sur un petit bout de terrain vague, entre deux autos. Probablement qu’on peut même la laisser dans un stationnement interdit sans que les agents la voient. Personne ne la volera non plus parce qu’elle a l’air trop ordinaire. La Suzuki TU250X est une moto invisible.
Mais c’est une bonne moto. Côté look, certains membres de l’équipe ont dit qu’elle avait le même pouvoir de séduction qu’une patate au four. Mais d’autres ont dit apprécier son style qui rappelle celui de grandes icônes du design motocycliste, comme la Harley-Davidson Sportster, ou une Triumph Tiger des années 1960. Bien sûr, la Harley, la Triumph et la Suzuki sont des machines très différentes, mais elles ont des lignes en commun : courbes convexes du réservoir, petite selle à courbure inversée, garde-boue arrière bien arrondi. Ces pièces s’enchaînent de façon fluide, organique. On est loin des lignes froides et anguleuses de certaines sportives. L’effet d’ensemble est moins musclé que la Sportster, par exemple, mais c’est une moto visuellement réussie. Sous certains angles, elle est particulièrement bien : toutes les pièces (guidon, boîtier de phare, réservoir, selle, garde-boue avant et arrière) s’emboîtent naturellement. On a l’impression qu’elle a été crée comme un tout, et non pas comme un simple amalgame de composantes utilitaires. Bref, Suzuki a voulu créé une moto à l’ancienne – une machine qui aurait pu être construite dans les années 1960 – et son apparence reflète très bien cette intention.
Voilà donc pour le style. Et comment se comporte-t-elle sur la route? Pas mal du tout, en fait. Technologiquement, certains aspects sont directement issus de l’époque où il y avait seulement six équipes dans la Ligne nationale : monocylindre à deux soupapes, freins à simple disque à l’avant et tambour à l’arrière, suspension faiblarde. Par contre, le moteur, à course relativement courte, est alimenté par injection et l’allumage est électronique. Une moto à l’ancienne n’est pas obligée d’utiliser uniquement des solutions de l’ancien temps… Même la Royal Enfield, quintessence de la moto traditionnelle de l’ancien Empire britannique, fait appel à l’injection électronique.
La TU250 démarre sans se faire prier et elle décolle promptement en première vitesse. Un des aspects agréables d’un moto comme cette Suzuki, c’est qu’on peut facilement démarrer sur un coin de rue sans trop s’occuper des principes théoriques du bon maniement de l’embrayage… Suffit de donner une bonne dose d’accélérateur et de relâcher le levier d’embrayage – lentement ou d’un coup sec – et ça marche à tout coup. Une fois en route, le régime moteur grimpe rapidement dans les premiers rapports. En cinquième, on atteint une vitesse suffisante pour suivre la circulation sur les autoroutes, mais la TU250 demeure plus à l’aise dans la voie de droite. Côté instrumentation, on trouve un indicateur de vitesse avec odomètre et totalisateur journalier. Comme il n’y a pas de compte-tours, nous ne pouvons pas dire à quel régime le moteur devait tourner pour suivre le trafic sur l’autoroute. Par contre, nous pouvons affirmer qu’il est raisonnablement doux même à régimes élevés.
À l’arrêt, la TU250 est facile à pousser et à déplacer. Dans les manoeuvres à très basses vitesses, elle affiche une conduite légère et elle est facile à maîtriser. Si la selle était un peu plus basse, elle serait encore plus conviviale pour les débutants et les pilotes moins grands. L’espace entre le guidon et les repose-pieds est suffisant pour que la plupart des conducteurs puissent prendre place confortablement. En fait, cette moto est plus petite que bien des modèles sur le marché, mais la différence n’est pas énorme, et elle conviendra à la plupart des motocyclistes de taille moyenne. La position de conduite classique permet un bon niveau de confort pour une promenade de quelques heures. Par contre, comme il n’y a pas de pare-brise, le vent pousse fort à vitesse maximale. Mais cette moto risque de rouler à 90 km/h ou moins la plupart du temps et, à cette vitesse, la pression du vent est rarement problématique. À pareilles allures, la Suzuki dégage une impression de stabilité et elle maintient sa trajectoire dans les courbes sans effort. En même temps, grâce à sa légèreté, elle demeure maniable et facile à balancer dans les virages serrés. S’il y a un point faible à souligner (à part le manque d’enthousiasme du moteur – il développe environ 20 ch), c’est le comportement du système de freinage. Le frein arrière à tambour fonctionne raisonnablement bien. À l’avant, toutefois, on sentait un net effet de pulsation dans le levier lors des freinages intenses – peut-être parce que le disque était voilé.
Somme toute, la Suzuki TU250 est une bonne moto, une moto efficace. En fait, il y a 30 ans, son ancêtre s’affichait déjà comme une bonne moto ailleurs dans le monde. C’était aussi un monocylindre de 250 cc et on l’utilisait pour toutes sortes de tâches reliées aux transports en Asie, au début des années 1980. Différentes composantes ont bien sûr été mises à jour pour réaliser la nouvelle machine, mais elles n’ont pas nécessairement été améliorées de façon marquée. La Suzuki TU250X est une moto à l’ancienne, fiable, et très économique en carburant. Mais il faut savoir que ce n’est pas une Suzuki moderne déguisée en machine des années 1970. C’est le contraire…
Côté prix, la TU250 est loin des années 1970, par contre. À 5299 $, elle est plus chère que la Honda CBR250R avec freins antiblocage. Pour quelques centaines de dollars de moins, la Honda offre un style moderne, différentes composantes sophistiquées, un peu plus de puissance et un peu plus de vitesse. Si la Suzuki est vraiment la moto que vous recherchez, il n’y a pas de quoi changer d’idée. Mais ça vaut sans doute la peine de prendre le temps de bien comparer avant de vous décider.