Moto Guzzi Stelvio 1200, maxi-fantastico

Par Neil GrahamPublié le

Guzzi est devenue une adepte de l’utilisation de ses coupleux moteurs bicylindres en V dans une panoplie de châssis différents, comme le fait sa voisine Ducati. Cette fois-ci, Guzzi s’en prend à la vénérable BMW R1200GS.

Si vous étiez un légume, quelle sorte de légume seriez-vous ? Quelqu’un vous a-t-il déjà posé la question ? C’est certainement une question bizarre, mais ce sont parfois les questions frivoles qui révèlent des vérités intéressantes, qui sinon ne sortiraient jamais au grand jour. L’un de nos collègues (et il jure que c’est une histoire vraie) a déjà entendu une femme poser cette question à un homme qu’elle rencontrait pour la première fois dans un bar. L’homme, après y avoir réfléchi, lui répondit qu’il voudrait être un grain de raisin afin d’avoir un pépin dur à l’intérieur. Pas très vendeur dans les circonstances…

Sur son site Web, Moto Guzzi semble avoir du mal à expliquer le genre de moto qu’est la Stelvio. « La Stelvio marque le retour de Moto Guzzi dans le segment Maxi-Enduro, un concept de moto développé dans la foulée de la grande popularité des marathons africains. Une moto austère dominée par des réservoirs impressionnants très bien intégrés dans le carénage qui dissimule presque le moteur, mais l’image fascinante et irrationnelle de l’aventure qui n’a pas l’équateur comme horizon mais seulement la traversée d’un centre urbain ou une promenade sur les routes pour une fin de semaine ou de vacances. » Si vous êtes perdus, et vous devriez l’être, tout ce que vous avez besoin de savoir c’est que les chefs de produit de Guzzi ont fait une croix sur la photo d’une BMW R1200GS et ont dit aux ingénieurs qu’ils en voulaient une comme ça. Tant qu’à vouloir faire une copie, la GS constitue un bon point de départ.

Même si presque tous les fabricants ont essayé de faire leur propre interprétation de la GS, depuis les pures comme la KTM Adventure jusqu’aux plus ramollies comme la Suzuki V-Strom, le bicylindre en V de Guzzi est peut-être le moteur qui capture le mieux le caractère du bicylindre Boxer de BMW. Les bicylindres de Guzzi et de BMW ont la personnalité détendue d’un moteur qui n’a pas été poussé pour en extraire les derniers chevaux disponibles, et qui se laisse bien mener sans être obligé d’aller haut dans les tours. Même si nos photos ont été prises sous un beau soleil d’octobre, nous avons piloté la Stelvio le plus souvent dans des conditions froides où les nuages semblaient annoncer une tempête de neige.

Dans de telles circonstances, les carénages mal conçus ou les commandes délicates à opérer deviennent très vite agaçants. Notre collaborateur Derreck Roemer a rapidement remarqué qu’avec le siège en position basse (820 mm), il était plus facile de se cacher derrière la moto pour éviter le plus gros du vent. L’autre option pour l’ajustement de la selle, c’est 840 mm de hauteur, mais la position basse offre suffisamment de distance entre la selle et les repose-pieds pour la plupart des pilotes. Bien qu’il semble petit, le carénage fait un excellent travail pour évacuer l’air froid autour du pilote, et le pare-brise ajustable fait aussi un meilleur travail que sa taille ne le laisse présager. (Si nous avions consulté le manuel du propriétaire, nous aurions su quelles sont les conséquences de vouloir ajuster le pare-brise en roulant, mais avec un peu de dextérité nous avons réussi à desserrer le bouton de fixation suffisamment pour modifier le système.)

Malgré les 105 chevaux annoncés, la Stelvio est certainement moins puissante que la GS, mais elle nous a donné beaucoup de plaisir sur nos petites routes favorites. Pendant l’essai, nous étions accompagnés de notre Honda CBF1000 prêtée à long terme, et même si la puissance et l’ergonomie supérieures de la Honda en font une bonne machine de comparaison, il y a quelque chose dans la position assise bien droite et dans le large guidon de la Guzzi qui la rendait plus amusante à piloter, et c’est ce que nous avons dit au sujet de la GS de BMW pendant des années. Si vous n’en avez jamais piloté, nous comprenons votre scepticisme, mais la relation entre la selle « Maxi-Enduro », les repose-pieds et le guidon fait que ces motos sont aussi confortables que des motos de grand tourisme.

Comme c’est préalable sur toute moto d’aventure, la Stelvio peut être équipée de grosses valises rigides de type militaire. Ces sacoches sont aussi bien faites que solides, et l’ouverture sur le haut est un avantage indéniable, car cela vous évitera d’échapper vos boxers à terre chaque fois que vous chercherez quelque chose dans lesdites sacoches. Après quelques jours passés avec cette moto, vous vous demanderez bien pourquoi les autres sacoches s’ouvrent sur le côté. Avez-vous déjà essayé d’ouvrir votre top case pendant qu’il est debout ? Bien sûr que non, vous le posez à plat afin que son contenu reste en place ! Toutefois, ces valises ne sont pas parfaites. Leurs fixations les positionnent assez loin de la moto, mais les bords sont arrondis. L’autre problème est qu’elles n’ont pas de poignée pour les porter. Lorsque vous arrivez fatigué à votre motel et que vous devez faire deux « voyages » parce que vous devez les tenir dans vos bras comme une glacière, vous les trouvez moins pratiques… Heureusement, leur apparence utilitaire permettrait facilement d’y installer des poignées, et si c’était notre moto nous irions faire un tour chez Réno Dépot assez vite.

Nous sommes de grands amateurs de bicylindres de Guzzi, mais nous avions eu des problèmes avec l’injection d’essence des modèles précédents. La Stelvio, par contre, a parfaitement fonctionné sur ce point. Même lorsque Neil Graham a demandé à Derreck Roemer de descendre un chemin couvert de feuilles mortes qui était aussi lisse qu’une pente de luge, la réponse douce et précise à l’accélérateur a permis à Derreck de rester debout bien plus longtemps que Neil ne l’aurait imaginé. Des pneus plus agressifs auraient donné un meilleur résultat, mais tout comme la R1200GS, ce n’est pas vraiment une moto hors route. Les bicylindres de Guzzi existent depuis la nuit des temps et on peut les reconnaitre même derrière leurs culasses à quatre soupapes. La clé de l’aspect agréable de ce moteur est le raffinement. Un bicylindre à 90 degrés est doux par nature, avec juste assez de vibrations pour vous rappeler qu’il y a bien un moteur. La transmission à six rapports offre la précision d’une japonaise et c’est un plaisir de monter les rapports d’autant plus que l’embrayage est très facile à opérer.

Tout comme la BMW1200GS, la Stelvio est un régal à piloter, et le fait que nous voudrions la comparer directement avec une GS témoigne du succès des ingénieurs de Guzzi. Neil Graham, charmé par la Stelvio et énergisé par le soleil automnal de l’après-midi, a décidé sur un coup de tête de faire 300 km à la tombée de la nuit pour aller voir sa famille. Il ne manquait que les optionnelles poignées chauffantes pour que le voyage soit parfait, mais la Stelvio a très bien fonctionné et nous pensons qu’elle est la meilleure de toutes les Moto Guzzi.

En selle
En voyant la Stelvio pour la première fois, j’ai pensé qu’elle était massive et disgracieuse. Elle est grosse et haute — je mesure six pieds et j’étais plus à l’aise avec le siège en position basse — mais c’est une moto invitante et plaisante à piloter. Le bicylindre de la Stelvio peut sembler primitif au premier abord, mais il est primitif dans le bon sens du terme, et constitue une raison importante de l’attrait exercé par Guzzi. Même s’il faut jouer de la transmission pour que la moto bouge vite, si vous gardez un bon régime moteur, la sonorité est agréable et la moto se déplace bien. Sur l’autoroute, la Stelvio est relaxante à conduire. Le pare-brise ajustable offre une protection décente en position haute et la selle est confortable pour un long trajet, ce qui en fait une candidate sérieuse pour le tourisme. Les poignées chauffantes devraient cependant être obligatoires. Comme la majorité des grosses motos double usage, les capacités hors route de la Stelvio sont limitées, mais elle est excellente sur les routes secondaires défoncées. La position assise bien droite donne une bonne vision des courbes qui arrivent et le large guidon avec la roue avant de 19 pouces permet de bien gérer les trajectoires. En conclusion, la Stelvio est une fabuleuse moto !
– Derreck Roemer

Les grosses motos d’enduro sont devenues mes montures préférées sur la route, et la Stelvio se situe en haut de ma liste. Même s’il est vrai que j’ai parfois un faible pour les choses italiennes (Fellini, Loren, Grappa; mais pas nécessairement dans cet ordre !), c’est plus le côté pratique de la Stelvio qui m’a séduit. J’avoue que je peux être un pilote un peu bizarre. Je pilotais la Honda CBF1000 aux vitesses légales, mais dès que j’ai enfourché la Stelvio je suis devenu un délinquant. Il y a quelque chose de si envoûtant dans le bicylindre de Guzzi que j’ai toujours envie de tordre la poignée en partant d’un arrêt et de la pousser à fond dans les virages. Comme la plupart des produits européens, elle n’est pas donnée, mais la Stelvio est une révélation.
– Neil Graham
      

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