Pilotage sur circuit 101

Par Michel GarneauPublié le

Un cours de pilotage sur circuit est une excellente manière d’améliorer vos aptitudes de pilotage. Et pas seulement sur la piste. 

Ayant survécu à ma participation quelque peu mal préparé au lancement de la Ducati 848 sur circuit l’an dernier (MJ, mai 2008), je savais que je devais m’inscrire à un cours de pilotage sur circuit dès que possible. Bien que j’aie fait de la moto pendant 30 ans sur et hors route, je n’avais jamais mis les pieds sur un circuit et l’expérience d’Almeria avait mis en exergue mes limites dans ce domaine. Avance rapide de 10 mois : je reçois une invitation du propriétaire de Turn 2 Sportbike Rentals (www.turn2.ca), George Budacki, me demandant si j’aimerais participer à l’un de leurs nouveaux Advanced Riding Courses (cours de pilotage avancés). Ma détermination à ne pas répéter l’expérience d’Almeria m’a conduit à répondre rapidement et avec enthousiasme : «Inscrivez-moi!»

J’arrive au Calabogie Motorsports Park (www.calabogiemotorsports.com – ils offrent aussi des cours à Mosport et Shannonville) de bonne heure en cette journée de fin septembre, avide de piloter et d’apprendre. C’est ma première visite sur les installations et je suis agréablement surpris de découvrir un circuit de classe mondiale qui est en excellente condition, sa surface n’ayant pas encore trop souffert des rigueurs des hivers canadiens. Malgré l’heure matinale (le brouillard commençait à peine à se lever), le son des génératrices est omniprésent. Il y a beaucoup d’activité dans les paddocks tandis que les remorques continuent d’arriver et que les pilotes préparent leur monture pour la journée. L’équipe de Turn 2 Sportbike Rentals est aussi occupée à préparer sa flotte de Suzuki GSX-R600 et de SV650 pour ceux qui avaient coché la case location de moto lors de l’inscription. Quarante participants sont groupés en trois niveaux différents (débutant, intermédiaire et avancé) selon leur expérience de pilotage moto (sur circuit et en général). Je m’inscris au niveau 1 (débutant), conscient de mon manque d’expérience sur circuit et déterminé à ne pas laisser mon égo m’empêcher d’apprendre. Avant de commencer, nous sommes conviés à une réunion des pilotes.

Les instructions, incluant une révision des drapeaux de piste, nous sont données. Nous sommes alors divisés en groupes et l’on nous assigne un instructeur. Les groupes sont volontairement petits (le mien comptait au début six pilotes, mais l’un d’eux a été transféré dans le groupe intermédiaire après réévaluation) afin que l’enseignement et l’assistance soient plus personnalisés. J’apprends que mon instructeur est Geneviève Lesieur, une des trois instructrices féminines de l’équipe de Turn 2.  Une fois tout le monde groupé et habillé (Turn 2 offre aussi la location des équipements) et les inspections techniques des motos faites, la journée débute. Alors que je m’attendais à ce que les choses commencent par une courte session en classe, il semble que ce ne sera pas le cas. L’absence d’un instructeur nécessite que George prenne sa place. Bon, tant pis… Quelques séances plus tard, c’est notre tour d’aller sur la piste et « Gigi » nous guide sur le circuit de 5,05 km (boucle extérieure) et 23  tours.

Nos instructions sont claires : pas de changement de rapport, pas de freinage, suivez de près et concentrez-vous sur les trajectoires. Cet exercice se révèle extrêmement utile, même si quiconque étant déjà allé sur un nouveau circuit sait qu’on ne peut l’apprendre en 15  minutes. En attendant notre prochaine séance, nous parlons du positionnement du corps sur la moto (piloter sur la pointe des pieds, garder deux doigts sur le levier de frein…) et nous nous exerçons chacun notre tour sur une moto à l’arrêt sous l’œil scrutateur de madame Lesieur. Pour le prochain exercice, nous devons suivre Gigi sur le circuit à tour de rôle pour un tour chacun. Nous devons cette fois-ci prêter attention à la position de son corps sur la moto dans les différentes sections du circuit. Notre rythme est un peu plus rapide, ce qui permet plus d’inclinaison et de déport du corps, mais nous n’allons pas battre un record, l’idée étant d’acquérir des bases avant d’essayer d’aller vite. 

Nous faisons une pause pour le dîner et l’importance de rester bien hydraté nous est rappelée. Le dîner est une bonne occasion de faire connaissance avec les autres participants et de partager nos connaissances et nos histoires.  Une fois le dîner terminé, Gigi s’approche de chacun de nous pour vérifier si nous avons des questions. Elle revoit et élabore les bases en n’épargnant pas les détails. Elle nous informe que, pour le prochain exercice, nous allons piloter devant elle afin qu’elle puisse vérifier et critiquer notre technique. On me demande de partir en premier et je suis un peu nerveux à cette idée. Sous l’effet de la nervosité et de l’adrénaline, je pars comme une bombe, me mettant presque dans le trouble lorsque j’arrive au virage 8 – un virage à gauche à rayon décroissant – trop vite, et je me retrouve ainsi sur les vibreurs. Heureusement, je reprends mes esprits et ralentis tout en réalisant soudain que je n’ai rien à prouver à personne.

Je me range sur le bord du circuit pour laisser au prochain participant son tour d’être en avant. Plus calme, je me concentre ensuite sur l’amélioration de ma technique. Après tout, la perfection résulte de l’entraînement et il faut faire et refaire les choses avant qu’elles ne deviennent instinctives.  En rentrant aux puits, Gigi me donne ses impressions sur mon pilotage. Elle insiste sur le besoin de se relaxer sur la moto et de laisser la moto bouger sous moi. Elle m’avertit aussi des dangers de vouloir sauter les étapes et aller trop vite tout de suite (mais j’avais déjà très bien compris le message). Pour la dernière portion de la journée pour notre groupe, Gigi accède aux demandes individuelles des membres du groupe. J’en profite pour faire plus de tours et continuer de mettre en pratique tout ce qui m’a été enseigné dans la journée. Avec l’accumulation des tours, je commence à être de plus en plus à l’aise avec la configuration du circuit et à être plus confiant.

Je freine un peu plus tard, penche un peu plus et accélère un peu plus tôt. Les choses commencent à bien couler et les derniers tours plus rapides sont vraiment agréables, me donnant envie de revenir. Même si je ne suis certainement pas un expert, je suis un meilleur pilote, plus confiant que lorsque je suis arrivé ce matin. Oui, j’ai l’impression que je passerai d’autres journées sur un circuit dans le futur.

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